La fonction de l'espace Au cours de votre recherche, sans doute avez-vous découvert l'endroit où Camille a perdu la vie. Selon vous, est-ce un pur hasard que la Seine soit le lieu du crime ? (C'est peut-être là que l'individu retrouvé enseveli a été assassiné et transporté ensuite au beau milieu de nulle part ?) Il y a une relation, un lien à établir entre les personnages et les lieux. C'est comme si l'auteur avait choisi, en rédigeant son roman, un type de personnage pour un lieu particulier. Mieux encore : la personnalité, le caractère, l'état d'âme du personnage sont façonnés par les descriptions des lieux. Ici, elles dépassent ou surpassent la fonction d'économie du récit, d'arrêt dans le temps, de pause au niveau de la vitesse du récit. Au cours du récit, le décor ou les lieux deviennent plutôt à l'image des personnages. Autrement dit, les personnages forment une symbiose avec l'espace. Ils sont indissociables l'un de l'autre. Ensemble, ils font du sens. Mais comment cette symbiose s'opère-t-elle ? Comment l'espace se module-t-il au personnage ? Cher détective, avant de vous mettre au boulot, veuillez suivre ces directives attentivement ; elles devraient vous permettre de découvrir la fusion entre l'espace et le personnage :
Exemple La chambre de Thérèse est un espace clos. Au début de son mariage avec Camille, cette chambre est glaciale, « c'est une couche froide, » un peu à l'image du couple. Puis, l'adultère de Thérèse la transforme. De nature froide, elle devient plutôt pleine d'appétit, elle s'ouvre à l'amour. Ainsi, sa chambre devient un lieu d'où s'échappent des « odeurs tièdes » réconfortantes. Elle devient son reflet. Après le meurtre et le remariage, c'est là que choisit de s'installer le spectre de Camille. Ainsi, la chambre des plaisirs devient une chambre des tortures, hantée tout comme l'est Thérèse. La chambre forme une symbiose avec Thérèse. C'est là que l'espace prend tout son sens ! Source : J-P. Goldenstein, Pour lire le roman, Duculot, Paris, p. 88 à 100.
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